Casablanca, les enfants du bitum

Casablanca, les enfants du bitum

2 juin 2012
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Le 20 novembre 1989, les Nations unies adoptaient une convention des droits de l’enfant afin de protéger les plus jeunes de toutes formes d’avilissement et d’exploitation.
Vingt ans plus tard, qu’est-il advenu de cet engagement ? Le Maroc qui a ratifié la convention en 1993, compte entre 15 000 et 30 000 enfants des rues.

« Casa la blanche, Casa l’active, Casa la capitale économique du Maroc… Une ville face à l’océan Atlantique avec ses commerces, ses entreprises, ses industries. Ici vivent ou plutôt survivent Abdel Kader, Adam, Khalil, Aymane, Fayza, Aziz, Salima, Achraf, enfants et adolescents âgés de 8 à 17 ans. Vendus comme personnel de maison par leurs parents, maltraités, battus, abandonnés, ils errent depuis des jours, des mois ou des années dans les rues de la ville, cherchant désespérément de quoi se nourrir, se vêtir, se loger. Ils accostent les automobilistes pour mendier quelques dirhams, vendent aux passants persil ou coquillages, chapardent, trafiquent ou se prostituent. Lorsque la nuit tombe, parce qu’ils n’ont nulle part où se rendre, ils trouvent refuge dans les sous-sols des gares routières et dorment assis sur les sièges inconfortables des salles d’attente.

Ils ont appris à se défendre pour éviter les vols ou les viols, mais n’ont pas su, pour la plupart, résister à la tentation de ces drogues qui permettent de tout oublier. « Chaque jour est une nouvelle page blanche, résume Aymane. Moi, je tourne la page. J’efface celle qui raconte mon histoire avec mes parents et j’en prends une neuve. »
Dès lors, quelles sont leurs perspectives ? Quel avenir les attend ?
Depuis 1995, l’association Bayti se bat pour les réinsérer, offrant aux volontaires le gîte et le couvert, la possibilité d’aller à l’école ou de suivre des stages professionnels. Elle les aide aussi à renouer avec leurs parents afin qu’ils puissent vivre à nouveau avec eux dans de bonnes conditions, affectives et matérielles. Un vrai défi pour les éducateurs. Une chance inespérée pour ces enfants ». Isabelle Ducrocq